Les Sentinelles de la Nation

Il y a 80 ans, à Koufra en Afrique, une poignée de soldats de la France libre faisait le serment de libérer Strasbourg de l’occupation allemande.

Le médecin en chef Gérard Chaput et Jean Marc Forges (administrateur des Sentinelles de la Nation) incitent la jeunesse actuelle à se souvenir des circonstances de cet engagement exemplaire pour surmonter les difficultés générées par la crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés.

Tu as envié, comme nous, les clochards épiques de Leclerc : regarde, combattant, tes clochards sortir à quatre pattes de leurs maquis de chênes, et arrêter avec leurs mains paysannes formées aux bazookas […] la division Das Reich. Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique et les combats d’Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège.[1] »

Dans cet immortel discours André Malraux, lui aussi compagnon de la Libération, nous parle de Koufra, puisqu’il évoque : « Leclerc […] et son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique ». C’est bien ici, à Koufra, que s’ébranle ce cortège glorieux. Il met en parallèle l’héroïsme de la Résistance de l’intérieur incarnée par Jean Moulin et l’épopée magnifique des Forces Françaises Libres entreprenant la reconquête de la liberté depuis l’Empire. Car commence ici, dans le désert libyen, l’épopée héroïque des forces qui libéreront Paris, puis Strasbourg, et ne termineront leur course qu’à Berchtesgaden en s’emparant du nid d’aigle d’Hitler.

« Aujourd’hui, nos concitoyens ne savent plus guère qui étaient ces combattants »

Le 2 mars 1941, les 350 premiers « clochards épiques » évoqués par Malraux prêtèrent, au fond d’un désert, le serment de ne déposer les armes que lorsque que nos trois belles couleurs flotteraient sur la cathédrale de Strasbourg. Le symbole est grandiose et construit la légende. Aujourd’hui, nos concitoyens ne savent plus guère qui étaient ces combattants. Combien connaissent encore le nom de ce colonel de 38 ans, cet inconnu d’alors, qui venait de mener ses hommes à la première victoire française depuis la désespérante débâcle de juin 1940 ? Nos jeunes générations, qui le plus souvent sont en quête d’idéal et d’aventures, tireraient un réel profit de s’interroger sur les trois points suivants :

engagement personnel de Leclerc a Koufra

qui étaient ces hommes et leur chef ?

– quel sens avait l’engagement solennel qu’ils venaient de prendre dans ce coin de désert ?

– en quoi ce serment, prêté il y a 80 ans, nous concerne-t-il toujours et en quoi est-il universel ?

En ce 2 mars 1941, qui sont ces premiers « clochards épiques », assermentés à Koufra sous le commandement d’un colonel inconnu ? Ces hommes de toutes provenances (environ les deux tiers d’entre eux sont africains) appartiennent au régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad. Cette petite troupe, mal armée, mal équipée, habillée de manière hétéroclite, deviendra plus tard le légendaire « Régiment de Marche du Tchad ». Cette unité « Compagnon de la Libération », aujourd’hui encore, revendique fièrement dans sa devise d’être «le Régiment du Serment».

Dès le 18 juin 1940, Félix Éboué, gouverneur du Tchad, se rallie au général de Gaulle, dont il entend l’appel à la radio. Dès le 26 août, depuis la mairie de Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djamena), il proclame avec le commandant militaire du territoire, le colonel Pierre Marchand, le ralliement officiel du Tchad au général de Gaulle. En faisant cela, il donne son premier territoire reconquis à la France libre. D’une certaine manière il donne une première légitimité géopolitique à la France libre, laquelle n’est jusqu’alors qu’une entité abstraite qui ne doit son existence juridique qu’à sa reconnaissance par le gouvernement britannique.

 

« Elle cesse ainsi d’être une légion de Français résistants pour devenir la Résistance française »

 

Selon le mot de Malraux, elle cesse ainsi d’être une légion de Français résistants pour devenir « la Résistance française ». C’est René Pleven qui représente le général de Gaulle à cette proclamation. Le 15 octobre, Félix Éboué reçoit le général de Gaulle à Fort-Lamy.

Le chef de la France libre le nomme, le 12 novembre, gouverneur général de l’Afrique Équatoriale Française. Le 29 janvier 1941, il figure parmi les cinq premières personnes à recevoir du général de Gaulle la croix de l’ordre de la Libération. Il fera de l’A.-É.F. une véritable plaque tournante géostratégique.

De là partiront les premières forces armées de la France libre, conduites par les généraux de Larminat, Koenig et Leclerc. Ce dernier se nomme en réalité Philippe de Hautecloque. Le général de Gaulle l’a autorisé à adopter l’alias de « Leclerc » pour protéger des représailles sa famille restée en France ! Il est alors un parfait inconnu, mais c’est un chef pour ses hommes. Hier simple capitaine, ce chef deviendra légendaire. Tous ceux qui le rencontrent lui reconnaissent un rare charisme.

On dira de lui qu’il savait tisser des liens de respect mutuel avec ses hommes. On le décrit énergique et cependant économe de la vie de ses subordonnés.

 

« Face à la terreur, ces hommes promettent l’impossible avec une irrésistible foi »

 

En effet, il vient d’obtenir la reddition de la garnison italienne du fort qui garde l’oasis de Koufra avec 4 tués et 21 blessés. C’est en faisant changer sans cesse de position ses rares armes automatiques et son unique canon qu’il force à la retraite une forte compagnie motorisée italienne « Sahariana », qui vient elle-même de réduire une unité britannique.

La garnison de Koufra, poste le plus méridional de la coalition germano-italienne, est impressionnée par la démonstration de force de Leclerc et de ses hommes. Elle va envoyer une délégation au-devant des forces françaises.

Leclerc, accompagné de deux officiers, va monter dans le véhicule italien et se fera emmener chez l’ennemi pour recueillir sa reddition.

Ce coup de bluff génial porte la marque de la volonté inébranlable, du courage et de l’engagement passionné et total dont ce chef est capable. C’est ce qui lui permettra de galvaniser les énergies et de restaurer la confiance en obtenant la première victoire française depuis la désespérante débâcle de juin 1940. Les conditions même de cette victoire appellent la légende ; elle fut obtenue avec de faibles pertes et des moyens bien inférieurs à ceux de l’adversaire.

Les ferments de la reconquête à venir étaient jetés sous le poids terrible de la pression germano- italienne. Face à la terreur, ces hommes promettent l’impossible avec une irrésistible foi qui proclame au Monde qu’hier vaincue, la France ne veut pas mourir.

Oh ! Pour ce serment, on était loin des fastes de la cour d’honneur des Invalides. Pour l’heure, les Invalides servaient de décor fastueux à l’armée allemande ! La solennité de cet engagement avait pour cadre le dépouillement d’un coin de désert. Les Invalides, eux, étaient tragiquement profanés !

Ce magnifique signe d’espoir, au fond du malheur, inspirera au général de Gaulle un message de félicitations au ton inhabituel et à la chaleur peu commune qui se termine par : « Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse. »

On sent le frisson de la renaissance, on voit la flamme de l’espérance au fond des ténèbres : c’est ça Koufra ! Oui, décidément, la lueur de l’espérance naît au fond des ténèbres ; voilà la véritable promesse de ces hommes guidés par un idéal servi par un chef au fond de cet oasis !

Ainsi vient-on de dresser à grands traits ce que fut Koufra quant aux faits et quant à la légende que les faits sous-tendent. Mais ce serment recèle un sens plus profond encore. Quel sens avait l’engagement solennel que ces hommes venaient de prendre dans ce coin du désert libyen à 1 700 kilomètres au nord de Fort-Lamy ?Pour découvrir le sens profond de cette espérance ressuscitée, il faut d’abord prendre la mesure du désespoir français de l’été 1940.

La France, un pays au statut de grande puissance, a été laminée en un mois et demi. La patrie légendaire des Droits de l’Homme est asservie sous un déluge de fer et de feu.

La Marseillaise est devenue inaudible sous le bruit des bottes triomphales de la Wehrmacht.

Plus de 100 000 morts au combat dans une France de fils uniques. Oui, plus de 100 000 morts et près de deux millions de prisonniers, vingt ans après la grande peste de « grippe espagnole », 22 ans après la fin de la grande saignée à blanc de la Première Guerre mondiale… La France métropolitaine est au paroxysme d’un complet état de sidération.

Sévèrement blessée physiquement, la France l’est aussi moralement. Le gouvernement de Vichy fait de la France la vassale de l’Allemagne. Comment peut-on accepter que ceux de 14-18 soient morts pour rien ? On se représente mal aujourd’hui la profondeur de la blessure ressentie. Le traumatisme est immense ! C’est de là que va naître cette fantastique énergie du désespoir. C’est l’heure pour la France de faire résilience ; elle s’amorce par la résistance. C’est l’irrésistible vitalité confrontée aux feux roulants de la mort et de la déchéance.

Cette énergie procède aussi d’un mouvement moral. Revenons au contexte, ce premier territoire s’est rallié à de Gaulle contre Vichy. Pour comprendre les forces morales à l’œuvre, il faut se souvenir des propos par lesquels, bien avant la guerre, Félix Éboué affirme son horreur des totalitarismes en s’adressant à la jeunesse d’Outre-mer lors de son célèbre discours « Jouer le jeu » prononcé au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre. Il y conseille : « Ne te laisse pas embrigader, ne souffre pas que l’on t’enseigne comme suprême idéal le fait de marcher au pas, en colonne parfaite, de tendre la main ou de montrer le poing.[1] » Nous sommes en 1937, et déjà le bruit des bottes résonne en Europe du Rhin à l’Oural. La fidélité de Félix Éboué aux idéaux républicains est bien ancrée. Pour lui, la France c’est la Liberté. Les grands-parents e ce Guyanais ont connu l’esclavage et ont été émancipés en 1848 par la République et la loi de Victor Schoelcher, au côté de qui il entrera au Panthéon.

Souvenons-nous aussi des mots de Léopold Sédar Senghor puis de ceux du général de Gaulle. Les uns et les autres résument bien le rôle essentiel joué par Félix Éboué, un des tout premiers compagnons de la Libération, dans la reconquête de sa souveraineté par la France. Voici ce qu’en dit en 1948 le futur président du Sénégal :

« ÉBOU-É ! Tu es le Lion au cri bref

Le Lion qui est debout et qui dit non »[2]

Voici, ce que Charles de GAULLE dit de Félix ÉBOUÉ dans ses Mémoires :

« Chaque Français sait et se souviendra qu’en maintenant en guerre, aux pires moments de notre histoire, le territoire du Tchad, dont il était le gouverneur, Félix ÉBOUÉ a arrêté aux lisières du Sahara l’esprit de capitulation, avant-garde de l’ennemi, consacré un refuge à la souveraineté française, assuré une base de départ au triomphe de l’honneur et de la fidélité.

Félix ÉBOUÉ, grand Français, grand africain, est mort à force de servir. Mais voici qu’il est entré dans le génie même de la France.[3] »

 

« Le serment vient sacraliser cet engagement librement consenti, à l’inverse d’un embrigadement »

Ce sont des valeurs de l’idéal qui sont à l’œuvre avec l’héroïsme du refus de capituler. Avec Philippe LECLERC, avec Jean MOULIN et avec tant d’autres, c’est le génie même de la France qui agit. Il y a là un accomplissement par le dépassement de soi. Ces valeurs sublimes suscitent le plein engagement pour celui qui y adhère. Le serment vient sacraliser cet engagement librement consenti, à l’inverse d’un embrigadement. C’était vrai hier, cela demeure vrai aujourd’hui.

 

« Existe-t-il une permanence des valeurs proclamées par le serment de Koufra ? »

En quoi ce serment, prêté il y a 80 ans, nous concerne-t-il toujours et en quoi est-il universel ? Pour tenter de répondre à cette question centrale, il convient de s’interroger sur les circonstances et les valeurs. En effet, que peuvent avoir en commun les circonstances de 2021 avec celles de 1941 ? Existe-t-il une permanence des valeurs proclamées par le serment de Koufra ? 

Les circonstances de 2021 ont en apparence bien peu en commun avec celles de 1941 ! La France n’a plus d’Empire mais, c’est de leur plein gré que les départements et territoires d’Outre-mer y demeurent attachés. Certes, mais sont-ils pour autant à l’abri, comme la métropole d’ailleurs, de toute menace extérieure ? Bien sûr que non ! La démocratie et la paix sont-elles hors de danger ? Non à l’évidence, un simple regard sur le Monde balaie cette illusion ! Le progrès nous tient-il à l’abri du recours aux armes ? Hélas, qui pourrait le croire ! Le recours aux armes n’a jamais cessé. Si les circonstances sont différentes de celles de la deuxième guerre mondiale, tous les équilibres restent précaires et doivent, comme naguère et comme toujours, être maintenus par des femmes et des hommes engagés à les défendre. Les prédateurs de toutes natures sont prêts à attenter à l’indépendance des états, à la souveraineté des nations et à la liberté des peuples. Le refus sublime de capituler devant ces prédateurs, relève aujourd’hui en France comme hier à Koufra de l’engagement individuel au service d’un l’idéal collectif.

On objectera avec raison, que les malheurs du Monde d’aujourd’hui n’ont que peu de similitudes avec les malheurs de 1941…cela saute aux yeux. Mais à bien y regarder, est-ce si évident ? Il y a quelques temps le nombre de morts victimes de la pandémie a dépassé le nombre de morts Américains de la seconde guerre mondiale. Des observateurs-prospectivistes, nous prédisent une crise économique pire que celle de 1929. Les mutations successives du virus ne garantissent pas avec certitude l’efficacité vaccinale. Certes, nos sociétés semblent résister…Mais grâce à qui ? Jusqu’à quand ? La crise actuelle appelle à l’action au service de son prochain, des autres et de la collectivité ; en dépit des réflexes individualistes qui peuvent tenter chacun d’entre-nous.

Aujourd’hui, la pandémie mondiale du Covid 19 met chacun de nous en danger de mort. La France vit au rythme des médias. L’information en continu relaie sans discernement les avis d’experts, parfois autoproclamés. Un flot de nouvelles contradictoires submerge les Français les menant parfois au bord de la crise de nerfs voire pour certains aux frontières du désespoir. Aujourd’hui, comme dans les pires moments de l’occupation, certains de nos compatriotes mal informés, sans esprit critique et soumis aux diktats de l’émotion finissent par sombrer. De vagues de contamination en vagues de dépressions et de suicides, le moral des Français est au plus bas. Aujourd’hui comme aux heures sombres de la seconde guerre mondiale, nous sommes confrontés à la menace mortifère omni présente et une grande majorité d’entre-nous subissent sa dure loi.

A chacune des grandes crises de notre histoire, l’homme providentiel s’est manifesté pour restaurer l’espérance, redonner le goût du combat et nous aider à faire face. Leclerc était un de ces hommes, d’une grandeur d’âme peu commune empreinte d’aspirations de grande noblesse. A Koufra, il a su montrer à ses hommes que le Bien commun pour la Patrie était la libération de la France. Qu’ils devaient s’y engager avec l’âme tout entière. Il a bien été pour eux, en ces lieux, l’homme providentiel en fédérant leurs volontés et en armant leurs courages. Tous sont partis à la mission comme un seul homme. Il a été aussi un compagnon reconnu par le Général de GAULLE « pour la Libération de la France dans l’honneur et par la victoire[4]»

Aujourd’hui, notre jeunesse est en quête d’homme(s) ou de femme(s) exemplaires qui lui donnent de quoi rassasier sa faim d’absolu. Elle se cherche des chefs qui la fassent rêver et qui la poussent à agir, qui la tirent vers le haut, par les grandes valeurs dans la force des vertus. En quelques sortes, qui la mène à la grande aventure pour le Bien de tous. Les compagnons de la Libération en général et LECLERC, en particulier sont certainement de ces hommes, de vrais modèles héroïques pour la construction identitaire de nos jeunes.

Compagnons liberation

« Les vertus de l’action de chacun au service de tous peuvent prendre des formes diverses »

Bien entendu, il faut les prémunir contre les sirènes des leaders de pacotille. Pour cela, la culture des vertus et des valeurs fondamentales de la République Française doit être le creuset fédérateur de l’ardeur nouvelle qui sauvera notre pays de l’adversité et des chimères que certains ne manquent pas d’agiter devant lui. Les vertus de l’action de chacun au service de tous, peuvent prendre des formes diverses. Comme LECLERC disant à ses hommes à Koufra de se souvenir de leur serment, quand le doute viendrait à les étreindre. Il nous faut, aujourd’hui comme hier, nous souvenir de Koufra. Seul ce recours à une conscience individuelle exigeante peut nous prémunir contre les diverses dérives que la douleur des temps peut entrainer. C’est grâce au souvenir de l’épopée qui commence au fond de ce désert que nous pouvons dire que le moment terrible que nous vivons annonce le renouveau. Alors, nous pouvons dire comme dans « Electre » de Giraudoux :

 

« LA FEMME NARSÈS. – Oui, explique ! Je ne saisis jamais bien vite. Je sens évidemment qu’il se passe quelque chose, mais je me rends mal compte. Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?

 

ÉLECTRE. – Demande au mendiant. Il le sait.

 

LE MENDIANT. – Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore ».

 

 

Dr Gérard CHAPUT                                        Col (RC) Jean Marc FORGE

 

Président des Sentinelles de la Nation          Administrateur des Sentinelles de la Nation

 

 

Parution ASAF printemps 2021

[1] André Malraux, Discours du 19 décembre 1964, prononcé lors du transfert, au Panthéon, des cendres de Jean Moulin

[2] Discours du gouverneur de la Guadeloupe Félix Éboué, prononcé au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, 1937.

[3] Léopold Sédar Senghor” Au Gouverneur Éboué”, Hosties Noires, 1948.

[4] Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, L’Unité, tome II, Plon, 1956

[5] Selon la formule rituelle d’admission dans l’Ordre de la Libération.